L’isolation thermique extérieure peut-elle être une réponse au problème des ICU ?

Les îlots de chaleur urbains (ICU) font désormais partie de l’actualité. Si le réchauffement climatique semble faire émerger ce phénomène, celui-ci est depuis longtemps inhérent à la nature des grandes villes. Étonnamment, la pollution atmosphérique joue un rôle mineur dans l’inconfort des grandes cités lors des fortes chaleurs. En revanche, la minéralité omniprésente impacte sensiblement la qualité de vie des grands territoires urbains.

 

Si la végétalisation des espaces est une piste sérieuse d’amélioration, il n’est reste pas moins que d’autres éléments de construction pourraient jouer un rôle positif. La composition des façades, notamment, a une influence notable sur le confort des logements.

 

 

Comment détermine-t-on un îlot de chaleur urbain ?

Suffocation, surchauffe, inconfort … les gênes produites par les fortes chaleurs dans les grandes villes sont souvent mal vécues. La climatisation des espaces de travail et des locaux commerciaux, sans oublier celle des moyens de transport, semble alors être la seule solution pour assurer un minimum de confort.

 

Mais l’ICU ne se caractérise pas seulement par l’ambiance étouffante de quartiers d’affaires trop urbanisés. Si l’écart de température entre le centre de Paris et sa zone périphérique la plus rurale n’est que de 2,5°c en moyenne, un relevé ponctuel laisse apparaitre une différence bien plus critique. Car pendant la nuit cette amplitude de température peut parfois dépasser 8°c. C’est en réalité la quasi-absence de refroidissement nocturne qui détermine un îlot de chaleur urbain.

Les nuits chaudes ne sont certainement pas propices au repos. L’épuisement dont sont victimes les habitants des logements en surchauffe est un sujet qui va de l’inconfort au problème sanitaire sérieux. La mortalité observée lors de l’été 2003 était généralement due à une déshydratation insidieuse, mais probablement aussi à la difficulté de trouver un repos salutaire dans des habitations sans protection face à la chaleur.

Les solutions végétales ? Performantes mais limitées dans l’espace

 

Certes la végétalisation des espaces urbains a un impact positif sur le confort des lieux publics. La présence d’arbres, par exemple, limite le stockage de la chaleur par les revêtements asphaltés. L’évapotranspiration dissipe une certaine quantité d’énergie solaire et préserve la fraicheur des espaces verts. Toutefois, le rayon d’action de ces dispositifs est limité. C’est seulement en bordure des parcs ou à proximité immédiate d’espaces plantés ou engazonnés que les bienfaits de la végétalisation sont appréciables. La toiture végétalisée, quant à elle, à moins d’être intensive et de type « jardin », n’a malheureusement que peu d’impact sur le confort des constructions.

 

 

La climatisation ? Une fausse bonne idée ?

 

La fraicheur perdue des logements est parfois restaurée par les climatiseurs. Ces appareils très efficaces ont néanmoins leur revers : Comme tout système électrique, ils génèrent des calories qui viennent grossir le flux de chaleur dite anthropique (appareils ménagers, moyens de transport, etc..) dont l’impact sur l’ICU est estimé à 20%. Les arrière-cours des boutiques climatisées fournissent une illustration de ce phénomène : la chaleur générée par les appareils de climatisation compromet le rafraîchissement des logements environnants, en réduisant les effets bénéfiques d’une ventilation nocturne.

 

 

Agir sur le bâti et concevoir intelligemment

 

L’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) a consacré une étude exhaustive sur le phénomène des ICU. Cette étude, publiée en 2012, analyse notamment la relation entre les modes constructifs dans l’espace urbain et leurs impacts sur le confort des citadins.

 

En matière de qualité thermique, l’APUR déplore d’abord une conception inadaptée du bâti construit depuis les années 50 et isolé seulement par l’intérieur : « Ces bâtiments sont les plus fragiles vis-à-vis du confort d’été ». Plaidant nettement pour une isolation extérieure, l’organisme indique que les logements aux façades non-isolées sont voués à l’utilisation d’une climatisation qui alourdira tôt ou tard leurs bilans énergétiques.

En effet, les murs extérieurs, exposés au rayonnement solaire, stockent une quantité importante de chaleur. Celle-ci ne se dissipe qu’au bout de plusieurs jours, et seulement si les conditions atmosphériques permettent un certain rafraichissement. La chaleur finit donc par se retrouver dans le logement (malgré l’isolation intérieure) pour ne plus en sortir.

Il est vrai que les apports solaires sont les bienvenus l’hiver, mais ils ne sont réellement optimaux que lorsqu’ils passent par les baies ou les parois vitrées, en produisant un effet-de-serre dans le logement. Le passage au travers d’une paroi opaque, les rend pratiquement inefficaces. Dans ce cas, autant s’en passer !

 

Pour des constructions non-isolées par l’extérieur et dépourvues de climatisation, la chaleur provenant du rayonnement solaire en période de canicule est un problème insurmontable. Inversement, l’isolation des façades ne permet pas l’accumulation de chaleur par l’inertie thermique des parois.

C’est une protection efficace contre toutes les variations de température extérieures. Le soleil peut émettre un rayonnement intensif pendant la journée, la chaleur sera stoppée par l’isolant en polystyrène expansé dont l’inertie est négligeable. Mieux, le rayonnement peut même être réfléchi à condition de recouvrir cet isolant d’un enduit clair.

 

L’ITE est en définitive la seule technique apportant un confort thermique été comme hiver, réduisant du même coup les consommations énergétiques liées au chauffage et au rafraîchissement.

 

 

Face au changement climatique, il faut des stratégies d’isolation pertinentes !

 

Des étés plus chauds et plus longs, c’est bien ce que semblent prédire les experts du climat pour le milieu du siècle. On ne peut donc plus ignorer la notion de confort d’été lors de la conception des bâtiments. Le besoin en climatisation risque de croitre et d’impacter sérieusement le bilan énergétique des constructions estampillés « RT ». Car on peut douter sérieusement que les habitants des logements mal isolés se privent d’appareils qui leur procureront un confort salutaire, surtout lorsque l’on observe la forte croissance du marché des climatiseurs.

 

Concevoir une isolation doit aussi se faire à l’aune de cette donne climatique, au risque de perdre les bénéfices énergétiques chèrement acquis au cours des réglementations successives. L’Isolation Thermique Extérieure peut par conséquent relever un défi majeur en apportant confort et économie d’énergie aux bâtiments de demain.

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